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En coulisses : une jeunesse qui s’engage

« Je suis admirative de leur sincérité »

«  C’’est à vous, jeunes de tous les pays du monde que je m’adresse. Parce que vous possédez la plus grande puissance du monde « L’AVENIR » disait Raoul Follereau en 1962.Bogusia, jeune volontaire en service civique à l’association PARM, l’association partenaire de la FLS dans la création de la maison de vie et partage de Saint-Étienne. Elle incarne cette jeunesse pleine de détermination et consciente  de son pouvoir de changer les choses.

Nous l’avons rencontré et elle va partager avec nous, tout au long du mois d’avril, son expérience et les raisons de son engagement.

Groupe de 3 femmes en train de converser

Bogusia, à l’occasion de la première pierre de la Maison de Vie et Partage de  Saint-Etienne.

FLS – Peux-tu te présenter ?

Bogusia – Je m’appelle Bogusia, j’ai 24 ans. Après l’obtention, de mon master 2 en  Histoire des droits de l’homme, et un stage de fins d’étude dans le secteur public, j’étais en quête de sens dans ma vie professionnelle. Je voulais acquérir une autre expérience dans un domaine qui ne soit pas forcément juridique. Le service civique s’est présenté à moi comme une opportunité de développer des compétences tout en étant au service des autres. Je pouvais ainsi m’engager pour une cause.

Au fond de moi, j’ai toujours eu ce désir d’aider les autres, sans savoir comment faire… bien qu’aider son prochain semble simple et naturel, il est parfois difficile d’aller vers lui et de lui apporter l’aide dont il aurait besoin tout en douceur, tout en respectant sa dignité … Et j’ai eu la chance de découvrir quelques-uns des gestes, grâce à ce volontariat.

FLS – Comment as-tu entendu parler de PARM ?

Bogusia – Judith, une des membres de l’association que je connaissais, m’en a parlé, alors que je réfléchissais à m’engager. Je n’avais jusque-là jamais eu de contact avec des personnes handicapées …  Je me suis dit que cela pourrait être une expérience enrichissante et me suis  lancé dans cette aventure! En octobre 2015 a commencé mon service civique au sein de la structure, après deux semaines d’immersion dans la communauté de L’Arche à Lyon. Et j’étais loin d’imaginer tout ce que cette expérience m’apporterait !

FLS – Qu’est ce qui t’a le plus marqué depuis le début de ton volontariat ?

Bogusia – Je dirais sans hésiter que c’est le contact avec les personnes handicapées …  Cette simplicité : c’est un bonheur ! Je suis admirative de leur sincérité, de leur désir de partager et de donner aux autres…

Leur joie de vivre est aussi désarmante… En effet malgré leur quotidien parfois difficile, les personnes du cercle d’amitié semblent beaucoup plus heureuses que nous. Pourquoi ? Parce qu’elles arrivent à se contenter des choses simples, des petits bonheurs…

Et ce qui est beau, c’est de voir d’autre personnes extérieures « au monde des handicapés », vivre le même émerveillement que moi. Lors d’une de nos activités bowling, il y avait un groupe de jeunes qui jouaient sur la piste voisine à la nôtre. C’était beau de voir qu’il n’y avait pas de différence… Ces jeunes étaient là pour passer un bon moment… comme les personnes handicapées. Et autour d’une activité aussi banale que le bowling, le cercle d’amitié a suscité l’admiration de ces jeunes de la piste d’en face ! Qui ont pu réaliser que les seules barrières qui existaient entre eux et les handicapés étaient celles construites par leurs aprioris…

Bien que j’ai pu à plusieurs reprises intervenir auprès de jeunes, afin de leur expliquer l’importance d’inclure les personnes handicapées à la société … Ce moment était le plus beau des témoignages : les personnes handicapées ont tout à fait leur place dans notre société et ont leur richesse à apporter.

« Lire la joie dans les yeux des personnes du cercle d’amitié »

2 personnes jouant au baby-foot

Bogusia et un des jeunes hommes du cercle d’amitié PARM, à l’occasion d’un des rassemblement organisé par l’association.

FLS – Peux-tu nous expliquer ta mission en quelques mots ?

Bogusia – Je suis volontaire service civique de la FLS, détachée auprès de l’association PARM. La Maison de Vie n’est pas encore ouverte, mais il y a tellement à faire. Je m’occupe surtout de l’organisation des événements du cercle d’amitié de PARM… Réunissant des adultes handicapés, des parents, des jeunes d’aumônerie : ce cercle a vocation à faire grandir l’amitié entre eux avant même l’ouverture de la Maison. Et je suis fière de voir ce que nous faisons avec ce cercle !

Une de mes autres missions consiste à faire connaître l’association à l’extérieur, avec les bénévoles. Par exemple, le mois dernier, j’ai présenté, devant plus d’une centaine de bénévoles de Foi et Lumière de la Loire, la Maison de vie, avec l’association. J’ai aussi eu l’occasion d’intervenir dans des aumôneries étudiantes  et d’échanger avec des jeunes concernant le handicap dans la société et la mission de cette future Maison. Il peut m’arriver enfin d’apporter mon soutien concernant la mise en place du statut associatif de PARM, c’est vrai que PARM est une jeune association, créée en 2015.

FLS – Ce cercle d’amitié dont tu parlais, il m’a l’air d’être une vraie réussite pour toi ?

Bogusia – Oui, effectivement ! Ces moments, dont j’ai parlé plus tôt, consistent à préparer les futurs résidents à habiter ensemble. Pour ce faire, je consulte les parents afin de savoir ce que leurs enfants aiment bien faire, quels proches nous pourrions associer… Ainsi j’organise des activités en tentant de concilier les envies et disponibilités de chacun.

Et c’est une joie de voir y participer des personnes handicapées mentales, les parents et proches, d’autres bénévoles de PARM (certains accompagnent, d’autre participent…). L’autre jour, nous étions au bowling ; nous avons pu également aller jouer à la pétanque ; faire des crêpes… J’aime également quand les portes du local PARM s’ouvrent, quand des parties de baby-foot animent ces lieux !

FLS – Entre l’organisation  d’activités, les interventions en  public… Tes journées nous ont l’air bien rempli… Quel enrichissement t’apporte cette expérience, sur le plan personnel et professionnel ?

Bogusia – A vrai dire ces 2 plans sont assez liés ! Par exemple, m’exprimer en public a toujours été une appréhension…. Au fil des diverses interventions, j’ai pris de l’assurance et je suis de plus en plus à l’aise.

Bien sûr, j’ai toujours quelques craintes avant de prendre la parole. Cependant, je prends de plus en plus de plaisir à le faire. C’est un enrichissement au niveau professionnel mais également au niveau personnel.

Ce service civique m’a également apporté au niveau relationnel, il m’est plus facile d’aller vers les autres, d’être dans un groupe et de construire ensemble un projet…

J’ai aussi appris à travailler en partenariat avec d’autres personnes. Une de mes missions consiste à organiser des activités pour les autres. Si au premier abord, je pensais qu’il me suffirait de monter le projet de A à Z puis de le présenter aux personnes handicapées et à leurs familles, j’ai vite découvert que ça ne pouvait fonctionner comme ça… En somme, ce qui m’avait été dit dès le début de l’aventure : ne pas « faire pour » mais bien « faire avec » toutes les parties prenantes ! Afin que ces moments plaisent, je les organise désormais dès le départ en dialoguant avec les personnes concernées, et en les sollicitant au fur et à mesure. Ce service civique m’a donc appris que l’échange avec les autres était primordial.

Enfin cette mission me permet de m’épanouir. J’étais à mille lieux d’imaginer à quel point être utile aux autres, pouvait être enrichissant… Le simple fait de lire la joie dans les yeux des personnes présentes à ces moments de partage du cercle… C’est la plus belle des récompenses…

Vivre un service civique : « donner autant qu’on reçoit » !

Portrait d'une femme

Bogusia et un des jeunes hommes du cercle d’amitié PARM, à l’occasion d’un des rassemblement organisé par l’association.

FLS – Pourquoi, selon toi, un jeune doit-il s’engager en service civique ?

Bogusia – Il y a différentes sortes de services civiques, mais dans tous les cas ils permettent de découvrir une structure qui joue un rôle particulier au sein de la société. Dans mon cas, cette expérience m’a fait découvrir le monde associatif et constater que rien qu’en étant bénévole on peut beaucoup donner et recevoir. Le service civique est selon moi une sorte de « bénévolat » formalisé, plus encadré et facilitant, par conséquent, l’accès aux structures sociétales, et qui me permet d’être un peu rémunérée.

Avant ce volontariat, les associations que je fréquentais étaient des purs loisirs, mais maintenant au sein de PARM, je défends une cause ! Et non des moindres, car il s’agit de favoriser l’insertion sociale de personnes qui ont malheureusement tendance à être mises à l’écart en raison de leur handicap. C’est aussi une manière de m’investir dans la défense de la dignité des personnes avec qui j’ai la chance de travailler.

C’est également une opportunité de découvrir un domaine auxquels on est étranger, de s’ouvrir aux autres… je le conseille à 100%!

FLS – Quelle trace as-tu envie de laisser dans PARM ?

Bogusia – Des souvenirs ! Je considère que c’est véritablement une chance que de travailler pour la création de l’association. A côté de tout l’aspect administratif, nous sommes aussi témoins de la construction progressive des relations au sein de l’association.

Les premières rencontres ont lieu entre des parents – tous confrontés à la même réalité concernant le handicap de leurs enfants -, les futurs résidents et des personnes extérieures qui viennent soit pour accompagner, soit pour partager des moments d’amitiés. Des liens se créent naturellement.

Mais avec le temps, on va oublier une bonne partie de ce que l’on vit actuellement. Si pour le moment faire des activités créatrices n’a pas pu aboutir, les souvenirs pour l’instant passent notamment par des activités faites ensemble et des photos prises à l’occasion. Cela me plairait que nous puissions immortaliser ces bons moment que nous passons en construisant la future communauté de la Maison de Vie de Saint-Etienne… Qui sait, peut-être au week-end de fin d’année du cercle d’amitié, le 30 avril ? Je croise les doigts !

Logo de l'Association PARM

 Je souhaiterais laisser des souvenirs, car il m’apparaît fondamental de préserver l’esprit dans lequel l’association a vu le jour, pour ceux qui viendront après nous, avec l’histoire de sa genèse. Ce que nous sommes en train de bâtir, répond à un besoin de parents soucieux de leurs jeunes, aujourd’hui adultes. Ils veulent leur offrir des garanties quant à ce bien qu’ils veulent leur laisser en héritage. Avec le temps, il ne faudrait pas que cette vision se perde.

FLS – Si un autre jeune devait s’engager dans l’animation du cercle d’amitié de PARM,

quels conseils lui donnerais-tu ?

Bogusia – Pour le moment le cercle d’amitié est en fait un groupe d’amis qui se rencontrent pour passer de bons moments ensemble. Les relations sont donc d’égal à égal, dans le respect de l’autre et la bienveillance. Les parents m’ont bien signalé, que le propre des personnes trisomiques (notre groupe réunit pour le moment majoritairement des trisomiques), est de beaucoup imiter ce qu’ils voient. Mais en ce sens, ils imitent tant ce qui est bien, que ce qui est mauvais. Dans ce contexte, il faut donc veiller à cultiver des relations amicales fondées sur la générosité, la patience et la bienveillance des uns à l’égard des autres.

La leçon : il ne faut pas chercher à faire compliqué ! C’est ce que j’ai mis du temps à comprendre, j’étais peut être trop exigeante avec moi-même, je voulais tout prévoir à l’avance, mais j’ai réalisé que les familles avaient une expérience que je n’avais pas et que si je pouvais suggérer de nouvelles propositions, je devais  m’appuyer sur les parents  et leur expérience pour que l’activité soit réussie.

Une fois que les locaux ouvriront, la mission des  jeunes en service civique sera quelque peu différente  de la mienne. Il s’agira pour le jeune volontaire de servir l’autre, c’est-à-dire être présent, à l’écoute et indulgent à l’égard des résidents. Car comme dans les relations quotidiennes, des conflits peuvent émerger, et il faut parfois être prêt à entendre des paroles ingrates, c’est ce que m’a dit une volontaire en service civique dans une structure qui fonctionne déjà.

FLS – Quels sont tes projets à la fin de ce Service Civique?

Bogusia –     Les idées ne sont pas encore parfaitement claires. En tout cas, si je reste sur Saint-Etienne, j’aimerais beaucoup garder contact avec les personnes handicapées de la communauté de PARM, car le groupe est vraiment agréable et ils sont très encourageants dans ce projet. Passer du temps avec eux me plait… et j’y ai tissé beaucoup de liens.

Cette expérience à été très enrichissante au niveau personnel et professionnel… J’en suis très reconnaissante à la Fondation pour le logement social et en particulier à mon tuteur.

Maintenant je ne vais probablement pas travailler professionnellement dans ce domaine, car je souhaiterais revenir à mon domaine d’étude avec tout l’enrichissement que m’a apporté cette belle expérience. Seule certitude : je souhaite continuer à agir pour cette cause sur mon temps libre !


Découvrez la maison de Saint-Etienne

La FLS tient à remercier Bogusia de son engagement, de son implication auprès du cercle d’amitié et de l’association PARM… et de sa patience pour la réalisation de cette interview !

Devenir volontaire pourquoi pas moi ?